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La Bible nous révèle que l’homme est créé à l’image de Dieu. Il y a en l’homme une marque de Dieu permanente. Elle établit irrévocablement sa dignité d’enfant de Dieu et est toujours plus grande et plus solide que ses mérites ou que ses fautes. Le pécheur, le premier, a besoin de s’entendre dire qu’il demeure plus grand que son péché pour que, avec la grâce de Dieu, il développe une saine culpabilité pour donner à sa vie un cours nouveau.
« Aux pécheurs, j’enseignerai ton chemin. » La société aussi a besoin de croire que les hommes ne se confondent pas avec leurs actes. Cela est vrai de tout homme et pas seulement des pécheurs. Cela évite d’idolâtrer les héros et de maudire les fautifs. Surtout, cela évite à la société de s’imaginer pure et parfaite car elle est elle-même composée d’hommes faillibles et n’est jamais sans lien avec eux et leur faiblesse.
Sans cela, il n’y aurait, vis-à-vis des pécheurs, que bannissement, châtiment corporels ou peine de mort. On couperait la main des voleurs, on lapiderait les adultères, on tuerait les tueurs. Aucune réparation et aucune réintégration ne seraient possibles. On détruirait l’espérance.
La société ne peut que juger des actes car seul Dieu sonde les reins et les cœurs. Sur cette conviction, une société est légitime à mettre en œuvre un système de récompenses de bienfaits et de sanctions des fautes. Sanctionner les fautes est même une marque d’estime envers l’homme pécheur que l’on croit capable de s’amender, c’est l’espérance de sa capacité à réparer ses fautes, à vivre selon sa dignité première. Cela fonde notamment tous les efforts, publics et privés, de réinsertion sociale des condamnés.
Cette espérance envers les pécheurs est la garantie d’une société qui ne réduit pas tout le mystère du mal à des boucs émissaires et ne transforme pas ses membres à des condamnés en sursis.
Que cette Eucharistie où le seul Juste, le seul Innocent se livre aux pécheurs que nous sommes nous aide à vivre selon la miséricorde. C’est en elle seule que nous avons l’espérance de la vie éternelle. |